Des déportés parvenaient, parfois, à jeter un message comme une bouteille à la mer.
Recueilli dans l'Aisne par une personne qui a conservé l'anonymat, ce geste pouvait être puni de mort, ce billet arrivera à destination, et la famille le conserve précieusement.
Texte de la lettre : « Prière à la personne qui trouvera de prévenir Madame Juliette Mérandat La Roche-de-Glun Drôme que ses trois chéris partent direction sans doute près Munich. Adresse sera donnée dès que nous pourrons. Allons tous bien et adressons à tous gros baisers. Louis, André, Roger. PS Récompense sera faite à cette aimable personne »
Court message sur un morceau de papier jeté du wagon de déportation par Louis Mérandat et ses deux fils, André et Roger, pour leur épouse et mère.
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André Mérindat, 16 ans, est arrêté le 1er juin 1944, par les Allemands, à la Roche de Glun. Bon nageur et sachant conduire une barque, il faisait passer des résistants en Ardèche ou dans la Drôme. L'un d'eux, Ramé, installé depuis peu à La Roche-de-Glun, le dénonce. Dans la maison des parents, les Allemands trouvent un révolver appartenant à Roger, qui était entré dans la Résistance, dans le groupe Ladet, le 1er octobre 1943.
Cinq militaires de la Feldgendarmerie surgissent dans l’atelier où travaille André, mitraillette à la main, et l’emmènent à la Kommandantur, hôtel de Lyon, sur les boulevards de Valence. Soumis au supplice de la baignoire, entre eau froide et eau chaude, il résistera et n'avouera rien.
Apprenant son arrestation, Louis, le père, se rend à Valence pour tenter de le faire libérer, mais au contraire, il sera arrêté à son tour le 5 juin et jeté en prison avec son fils. Ils seront transférés à la prison de Montluc avec deux autres résistants.
Roger, le fils aîné, 21 ans, chargé d’aller, le 6 juin 1944, à la rencontre des maquis du Diois pour les ravitailler en munitions avec un camion, tombe sur un barrage de la gendarmerie allemande et est arrêté. Il va rejoindre son père et son frère sur la route de la déportation.
"Le convoi de 1 528 hommes, dont 34 Drômois, arrive le 18, après deux jours et demi de voyage par Metz, Thionville, Trèves, coupé par un peu de ravitaillement à Coblence le 17. Les bombardements alliés et les tentatives d’évasions entraînent des arrêts. Outre Louis Mérandat et ses deux fils, le train emporte les raflés de Montélimar. « Nous avions touché chacun une boule de pain et un demi-saucisson, se souvient André. C’est tout ce que nous avons touché ». En route, les Mérandat écrivent quelques billets qu’ils jettent sur la voie, par une fente du wagon. L’une de ces « lettres », sous enveloppe, est bien arrivée à Madame Mérandat"
Au terme d'un trajet éprouvant, entassés à 130 par wagons, privés de nourriture et de boisson, ils arrivent au camps de Neungamme, au nord de L'Allemagne.
28 des 34 Drômois n'en reviendront pas, dont Louis Mérindat qui décède le 10 avril 1945.
Ses deux fils seront libérés, André le 29 avril 1945 et Roger, rapatrié le 8 juin 1945.
J'ai repris le récit du site du Musée de la Résistance, l'article cite ses sources.
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