Angélique du Coudray, une femme au service des femmes.
- fardoise07
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A une époque où la médecine est l'affaire exclusive des hommes, et où les expérimentations vont bon train, une femme va faire profiter de son expérience de sage-femme à d'autres, pour enrayer les décès lors des accouchements. Cette époque, c'est le XVIIIe siècle, celui des Lumières, mais cela dépend pour qui. Angélique Marguerite Le Boursier du Coudray connue sous le nom de Angélique du Coudray "a choisi de changer le destin de milliers de femmes avec une aiguille, du tissu et du savoir." Facebook

son portrait en page de garde de son ouvrage - Wordpress
L'époque est donc aux expérimentations, principalement avec les dissections de cadavres pour apprendre l'anatomie, j'en ai déjà parlé dans l'article sur l'émission "Cold case" . Mais les femmes n'étaient pas admises au sein des hémicycles médicaux. Pour diffuser son enseignement, Angélique du Coudray va mettre au point un mannequin en bois, tissus, coton, carton, reproduisant le bassin d'une femme, et les fœtus et nouveaux nés.

Ce que l'on appellera "la machine de madame Du Coudray" l'original conservé au musée Flaubert de Rouen. "Préparé comme un modèle d'archive, à partir duquel Mme du Coudray ou d'autres sages-femmes pourraient fabriquer de futures machines ou réparer des machines existantes endommagées." Elizabeth Nihell, A Treatise on the Art of Midwifery (Londres: A. Morley, 1760), et article sur : journals.uchicago.edu
Grâce à cette "machine" Madame Du Coudray va sillonner la France d'alors, adoubée par Louis XV qui lui accorde une pension annuelle de 8000 livres, pour enseigner l'art de l'accouchement et aider, par la fabrication d'autres mannequins, à la diffusion de son enseignement, par les personnes qu'elle aura formées." Il est ainsi possible de simuler différentes situations d'accouchement. "Ses élèves peuvent enfin apprendre en pratique, sans mettre en danger la vie de vraies femmes." E.N.
Le musée Flaubert de Rouen présente aussi des Fœtus utilisés par madame Du Coudray lors de ses démonstrations, pour montrer leurs positions dans le ventre. Base Joconde

L'utilisation de tels mannequins va se répandre, grâce à elle, ou par des rivaux, comme l'écossais William Smellie ou Mlle Lenfant et Mme Riel. Article d'Elizabeth Nihell. La "machine" de madame Du Coudray restera la plus fiable et elle la perfectionnera.
Elle sillonnera les routes pendant 25 ans, et en 1773, elle rassemble toutes ses connaissances dans l'ouvrage cité ci-dessus.
A partir de 1768, sa nièce, Marguerite Coutanceau, l'accompagne dans ses tournées, et la remplacera en 1783. Mais après 1789, les deux femmes perdent leurs appuis, notamment financiers, et le soutien de la royauté les rendra suspectes auprès des autorités révolutionnaires. Madame du Coudray finira sa vie dans la misère et son nom sera oublié jusqu'à nos jours, où enfin reconnue, son nom sera donné à des établissements hospitaliers et même à des rues, voir article de Wikipedia.
"Phantoms in the Classroom: Midwifery Training in Enlightenment Europe" Elizabeth Nihell - journals.uchicago.edu
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