Là où la science fiction dépeint souvent des univers cataclysmiques, Gene Roddenberry imagine dans les années soixante une société idyllique dans laquelle l'humanité a éradiqué la maladie, le racisme, la pauvreté, l'intolérance et la guerre sur Terre. Elle s'est également unie à d'autres espèces intelligentes de la galaxie pour former la « Fédération des planètes unies » dont les vaisseaux sillonnent l'espace à la recherche de nouveaux mondes et de nouvelles civilisations.
Les années soixante c'est la période de l'abondance, avant le premier choc pétrolier. Le futur est placé sous le signe du progrès et du « mieux vivre », le présent sous celui des luttes pour la paix, contre le racisme et toutes les formes de discriminations. La première série se fera l'apôtre de toutes les idées altruistes de son créateur.
Si l'idéal de la « Fédération » reste en trame de fond dans les nouvelles séries qui voient le jour dès 1987 – Nouvelle Génération, puis en 1993 : Deep Space Nine – et enfin en 1995 :Voyager – le ton n'est plus aussi optimiste. Le désintéressement et l'absence de monnaie sont balayés dans les nouveaux avatars, avec l'apparition des Ferengis dont la société est basée sur le profit, et foncièrement sexiste. L'empire Kinglon musclé n'est plus la seule menace, l'impérialisme prend la forme d'un « dominion » dirigé par des « métamorphes » pouvant prendre toutes les apparences, aux ordres de qui obéissent des armées de Jem'hadhars lobotimisés. (1)
Une autre fantasmagorie: les Borgs, tout droit sortis d'une BD de Druillet. (2)
Les borgs sont mi-humains, mi-machines et n'ont qu'un but : la perfection. Le moyen : « assimiler » les autres espèces pour acquérir leur technologie. Ils forment un collectif relié par un réseau subspatial et n'ont aucune identité propre, si ce n'est un numéro, aucune culture. Ils sont peut-être, ce que nous tendons à devenir demain?
Peu de séries ou d'ouvrages ont eu un impact aussi important et une durée aussi longue, peu ont une thématique aussi cohérente. Ainsi, une série aussi mythique que Star Trek est le miroir de la société qui l'a vu naître, non l'inverse comme on pourrait être tenté de le croire, même s'il existe des écoles enseignant le klingon et si le nom d'Enterprise a été donné à une navette spatiale.
Au départ une image optimiste de ce que pourrait être notre futur, aujourd'hui le reflet des peurs que les dérapages technologiques ont engendrées.
"Longue vie et prospérité"
(1) les derniers avatars de la série, qui remontent plutôt à la source ne sont guère que des moyens d'exploiter le filon. Gene Roddenberry est décédé le 24 octobre 1991, son héritage est quelque peu malmené.
Que dire de la nouvelle version cinématographique qui n'a plus rien à voir avec les idéaux d'origine et n'est plus que prétexte à des effets spéciaux spectaculaires.
(2) un exemple de l'univers de Philippe Druillet : le clip de William Sheller "Excalibur" mis en image par Druillet : https://www.youtube.com/watch?v=b6sWcUZh-zc
Portail de Star Trek sur Wikipedia http://fr.wikipedia.org/wiki/Portail:Star_Trek
Depuis, une autre saga s'est installée dans notre paysage, la Guerre des Étoiles, avec des références différentes sur le bien et le mal, plus dans la lignée des traditions chevaleresques et tous les contes hérités de l'époque médiévale, avec des emprunts de toutes les origines mondiales. Des sources inépuisables, qui ne nécessitent pas autant d'imagination que la première série Star Trek, faite à l'époque avec des bouts de ficelles, mais qui a anticipé sur des découvertes plus récentes.
Commentaires