Tout comme les indiennes, le boutis est l'une des traditions qui représente bien la Provence, et pourtant, comme les indiennes, elle n'en est pas originaire. En fait cette technique vient d'Orient, via l'Italie, et le plus vieux "boutis" connu est le Tristan Quilt, daté des années 1390, sans doute réalisé en Sicile,
Tristan donnant son gant à Morhoult Wikipedia
en lin et coton, mesurait à l'origine 3.10 sur 2.70m et se trouve aujourd'hui en partie au musée du Bargello, dans une collection privée de Florence enfin, principalement au Victoria and Albert museum de Londres.
Cette technique apparue donc au XIVe siècle va arriver à Marseille et séduire les classes aisées. Puis les gens de condition modeste se l'approprient et c'est l'interdiction des indiennes, par l'édit de Louvois du 26 octobre 1686 qui va provoquer le véritable essor du boutis. Les motifs des étoffes colorées interdites à l'importation vont être reproduits en relief.
La tradition se transmet alors au sein des familles et devient « un espace de liberté ». L'identité régionale, mais aussi individuelle s'expriment à travers ces travaux dont certains sont de véritables chefs-d’œuvre. Il résistera ainsi à l'érosion de l'industrie cotonnière par la soierie, mais cèdera par contre à la « modernité » et particulièrement à l'arrivée de la machine à coudre. Il faudra attendre la fin du XXe siècle pour voir renaître le boutis, les modèles anciens sont sortis des armoires et des historiennes, Andrée Gaussin et Francine Nicolle ont permis, grâce à leurs recherches et à leurs ouvrages(*), de faire renaître cet art populaire.
motif sur vieux boutis Sarah Garzoni - Wikipedia
Véritable « sculpture sur tissus » qui se révèle par transparence contrairement au « piqué Marseillais» , dont la technique est le matelassage, le boutis relève de l'art de la broderie, le relief est créé par rembourrage passé à l'aiguille entre deux épaisseurs de tissus. Le terme même de boutis viendrait d'emboutir, ou de bouter...
"Deux nappes de coton sont tendues sur un métier. Le dessin est reporté sur l’étoffe du dessus au poncif. Les brodeuses suivent ce tracé en piquant des petits points avant de fil blanc. Chaque élément du décor est cousu séparément : tige, fleur, arabesque.
Une fois les contours brodés, le cadre est retourné et des mèches de coton sont insérées entre deux points de couture dans les canaux afin de créer le relief. Pour des formes amples, comme les dragées, la ouate peut être utilisée. Cette technique apporte souplesse et solidité aux produits domestiques.
Les plus belles pièces jouent sur différentes hauteurs de relief, mettant en valeur certains éléments du décor. Véritable chefs d’œuvre, ces étoffes s’apparentent alors à des bas-reliefs sculptés." Pierre Frey;com
J'avoue que pour des yeux profanes, ce n'est pas toujours facile de les distinguer sur une photographie, si ce n'est que le boutis présente une plus grande variété de composition.
le boutis se portait aussi, principalement pour des occasions comme un mariage,
De nombreuses associations et sites permettent de connaître, voire d'apprendre cette technique, je parlerai ici de l'association des Cordelles Boutis en Vaunage et de la MAISON DU BOUTIS - MUSÉE DE CALVISSON - 9 place du Général de Gaulle - 30420 CALVISSON. http://www.la-maison-du-boutis.fr/
Sur ce site on peut voir aussi la reconstitution du Tristan Quilt réalisé par une quarantaine de "boutisseuses" et a nécessité 6800 heures de travail.
Livres :
Sur la route du textile provençal sarah Ben et Dominique Carpentier – Collection « Les chemins de traverse » Groupe Horizon – 13420 Gemenos -les citations en gras sont extraites de ce livre
(*) de Andrée Gaussin et Francine Nicolle : Boutis des Villes, Boutis des Champs – Edisudet Petits Trésors de Boutis – Edisud
Dans une vidéo, Hubert Valeri, designer et l'un des maîtres du boutis contemporain présente le boutis http://www.dailymotion.com/video/xg486w_crea-savoir-faire-boutis-par-hubert-valeri_creation
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