Il s'agit d'une sculpture pour le moins surprenante, et impressionnante, que l'on peut voir au musée lapidaire d' Avignon - rue de la République.
Carte postale éditée par le musée lapidaire
rapportée de ma première visite au musée, et témoin de l'état antérieur de la sculpture
Cette œuvre étrange, découverte dans un terrain à côté de l'église de Noves (Bouches du Rhône) a été acquise en 1849 par le musée Calvet. Elle était accompagnée d'objets provenant d'une tombe et il s'avère qu'il s'agit d'une sculpture funéraire gauloise - sans doute du Ier siècle avant notre ère - la datation a évolué récemment, la carte postale ci-dessus- déjà ancienne - la date du IIIe siècle avant notre ère, période de la Tène II, 2ème âge du fer.
Elle serait reliée aux rites de passage dans l'autre monde (position accroupie qui marque que la vie prend fin et sexe en érection symbole du renouveau) ; et au culte des ancêtres (les têtes en effet sont plus celles de vieillards sereins que des trophées de victimes). Elles est très représentative du caractère symbolique de l’œuvre qui est sacrée et ne saurait être réaliste.
Mais on retrouve aussi le thème de la bête dévoreuse, qui viendrait des Étrusques. Ici, il ne reste que le bras du personnage, mais, à l'origine, la bête devait broyer un homme dans sa gueule. Ce thème se retrouve dans la Méditerranée celte (Italie du Nord, Espagne) mais c'est le seul exemple présent en France. Il sera repris par l'art roman soit comme symbole du péché dévorant les âmes ou tout simplement en décoration de chapiteaux ou de modillons.
le dos montre la crinière de lion - et l'état actuel de la sculpture - sur le site du musée ICI
NB. Il est possible de faire un rapprochement avec les guerriers assis de Roquepertuse ou d'Entremont
Voir l'article sur leguerrier de Capestrano et les figures de guerriers celtes.
Mi-lion, mi-loup, la Tarasque de Noves n'a de commun avec l'animal fabuleux, cousine de la Vouivre du Jura, au Drac de l'Isère, à la Faramine de Mâcon, du coloubre de Fontaine de Vaucluse, que le nom.
La Tarasque était en effet un monstre chthonien à tête de lion et au corps recouvert d'écailles, aux yeux rougis et à l'haleine fétide. Elle s'apparente au dragon des mythologies païennes auxquelles le Christianisme a tenté de faire un sort. L'image du héros trucidant le dragon est en effet éloigné de l'idée chrétienne de charité et d'amour et c'est par la persuasion que Sainte Marthe apprivoise l'animal.
Ci contre, une représentation de la Tarasque lors d'une fête de Tarascon (Wikipedia)
Contrairement à l'animal gaulois, associé aux rites funéraires du passage, le dragon est une allégorie du combat du bien contre le mal, de la lumière contre les ténèbres, de l'esprit contre la matière.Le héros à l'épée (ou la lance...ou toute autre arme "virile") incarne l'ordre naturel de l'homme qui combat les animaux pour sa survie. La puissance féminine de l'amour représente elle, le spirituel.
La tarrasque (deux r) se retrouve dans les jeux de rôle - Dungeons et dragons - ainsi que dans les jeux vidéos - Final Fantasy IX où elle est l'animal le plus terrible
Sources :
"La Tarasque de Noves" : réflexions sur un motif iconographique et sa postérité. Actes de la table ronde organisée par le Musée Calvet - le 14 décembre 2001
Site du musée lapidaire d'Avignon - rattaché au Musée Calvet :
Komentar