Bas-relief du palais de Sargon représentant Gilgamesh - Wikipedia
à moins qu'il ne s'agisse que d'un géant tueur de lion ? (1)
« Quelque part au Louvre, Gilgamesh veille, imposant. L'attitude, le costume, l'arrangement de la barbe et de la chevelure, disent l'importance du personnage. Celle, intérieure qui fait qu'on n'est pas obligé de se prendre au sérieux : les yeux écarquillés et la bouche rayonnent d'un sourire qui a un je ne sais quoi de juvénile et de moqueur. Comme un enfant espiègle qui abuse de la patience d'un animal familier, le héros tien une sorte de chat par sa tête serrée au creux du coude. On s'approche, le chat est un lion. Et Gilgamesh, un champion comme Hercule, un roi malin comme Ulysse, un géant encyclopédique comme notre Gargantua. »
Hubert Comte - traducteur du texte anglais établi par N.K.Sandars – version 1972 - Éditeurs Français Réunis 1975
Gilgamesh, héros de l'ancienne Mésopotamie est l'égal de ceux d'Homère, de Cervantès, de Rabelais, etc... Mais on ne connait pas son auteur. Trois mille vers sur 12 tablettes d'argile retrouvées à Ninive retracent l'histoire du roi d'Uruk. C'est la version la plus complète du récit, mais il s'agit de la copie pour la bibliothèque du roi Assourbanipal, copie d'un texte plus ancien, datant du IIe millénaire avant notre ère, que l'on appelle la "version standard". Il existe en réalité des dizaines de versions dont la plus ancienne est datée du IIIe millénaire.
tablette d'argile - version ninivite de l'Épopée de Gilgamesh.British Museum - Wikipedia
Gilgamesh, l'homme qui ne voulait pas mourir, l'homme à qui toutes choses furent connues, était le roi d'Uruk.
"Quand les dieux créèrent Gilgamesh, ils lui donnèrent un corps parfait. Shamash, le soleil glorieux lui fit don de la beauté, Adad, le dieu de la tempête lui fit don du courage, les grands le firent parfaitement beau, surpassant tous les autres, terrifiant comme un grand taureau sauvage . Il le créèrent deux tiers divin, un tiers humain"
A Uruk il bâtit des murs, un grand rempart,
Façade du temple édifié à Uruk sous le règne du roi Kara-indash (fin du XVe siècle av. J.-C.), Musée de Pergame. Berlin Wikipedia
Gilgamesh parcourt le Monde, mais sans égal il devient arrogant et ne respecte ni les fils ni les filles, personne ne lui résiste. Jusqu'à ce que les dieux alertés par les hommes d'Uruk demandent à la déesse de la création Aruru de concevoir son égal. Ainsi nait le sauvage Enkidu, qui humanisé par l'amour d'une prostituée, deviendra l'ami fidèle. La mort d'Enkidu brise le cycle de leurs exploits et Gilagamesh entreprend la quête de l'immortalité, à la recherche de l'homme qui avait survécu au Déluge.
Revenu à Uruk les mains vides, à la suite du vol de l'herbe de vie que lui avait donné Out-napishtim ; Gilgamesh ne peut plus accéder à l'immortalité qu'en laissant l'histoire de sa quête à la postérité et en édifiant des monuments éternels.
Relief en terre-cuite Musée Art et d'histoire de Bruxelles représentant peut-être Gilgamesh abattant le Taureau céleste
"Ceci aussi était l’œuvre de Gilgamesh, le roi, qui connaissait les pays du monde. Il était sage, il vit les mystères et sut des secrets, il nous apporta un récit des jours d'avant l'inondation. Il fit un long voyage, fut fatigué, usé par la peine, et à son retour il grava sur une pierre toute l'histoire".
Et il meurt :
En 2011, parmi les tablettes volées par des contrebandiers en Irak, le musée de Souleimaniye (Kurdistan irakien) découvre un fragment de l'épopée de Gilgamesh.
Parmi toutes les versions de l'épopée, le plus vieux récit écrit connu, cette tablette complète la version de Ninive, et éclaire d'un nouveau jour le récit de la cinquième tablette.
Gilgamesh et Enkidu rencontrent le géant Houmbaba. Le fragment découvert en 2011 décrit les deux amis pénétrant dans la Forêt des Cèdres habitée par une faune bruyante. Houmbaba, qu'Enkidu avait connu dans son enfance, est trahi et décapité par les deux héros. Ceux-ci craignant la colère des dieux, tuent les témoins du meurtre. Ce nouvel extrait nous apprend qu'Houmbaba décrit jusqu'alors comme un ogre barbare, est en fait un roi entouré d'une cour et de musique. Il révèle aussi le sentiment de culpabilité de Gilgamesh et d'Enkidu.
Ce récit d'avant la Bible, oublié depuis la fin de la civilisation mésopotamienne, redécouvert au XIXe siècle, a sans doute influencé d'autres épopées et trouve des échos dans les récits qui puisent dans le même fond mythique.
Il a essaimé jusque chez nous depuis, lire par exemple ce qu'en dit Jean-Jacques Glassner, épigraphiste, spécialiste de l’écriture en Mésopotamie directeur de recherche au CNRS et professeur à l'EHESS dans "Tous fan de Gilgamesh." Revue L'Histoire 356 (09/2010).
L'épopée a été mise en musique par Abed Azrié
On retrouve le motif de la harpe d'Ur (mon préféré) Voir ICI
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(1) C'est ce que pense Jean Bottéro directeur d'études (assyrilogie) à L’École pratique des hautes études - in "Il était une fois la Mésopotamie" Découvertes Gallimard - Une remontée dans le temps avec les archéologues qui ont redécouvert ces civilisations.
L'épopée de Gilgamesh Wikipedia
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