top of page
fardoise07

Faut-il restituer les collections des musées à leurs pays d'origine?

Dernière mise à jour : 3 nov.

D'un article qui a à présent 10 ans, sur mon autre blog "Les Dits de Fardoise" sur Eklablog.

Déjà la question était polémique et elle l'est toujours, l'actualité a depuis, alimenté le débat.

le sujet est grave, capital sur le plan culturel, et épineux.

On le sait les grands musées occidentaux ont constitué leurs collections sur la base de « l'emprunt » aux pays étrangers, depuis que l'esprit même de collection se généralisait avec les « Lumières ».

Faut-il aujourd'hui, parce que les mentalités ont évolué, et parce que les pays d'origine ont eux-même de grands musées, restituer des œuvres majeures comme, la Pierre de Rosette, le buste de Néfertiti, les frises du Parthénon ?


En 2011, et pour pouvoir continuer les fouilles en Égypte, le musée du Louvre restituait au musée du Caire deux fragments de peintures arrachés à une tombe royale. La même année, et pour d'autres raisons, la tête maori du muséum de Rouen était restituée à la Nouvelle-Zélande lors d'une grande cérémonie, Le Monde (*)


Nous sommes ici dans une autre dimension, celle des restes humains. Et là, nous abordons une autre polémique, peut-on exposer des dépouilles humaines que ce soit en tant que témoignages socio-culturels, ou comme œuvre d'art (une exposition interdite en 2008) ? Cela peut faire un autre sujet d'article. Les têtes Maori ne sont plus exposées dans les musées français et la procédure de restitution a fait l'objet d'une loi en 2010 pour qu'elles puissent être rendues aux familles après avoir retrouvé leur dimension cultuelle et sacrée.

Nous entrons là dans la limite acceptable de l’œuvre exposée. En occident, la notion de musée est déjà ancienne et nous acceptons que l'objet exposé, en raison de sa valeur culturelle, puisse perdre de son caractère sacré. Il n'en va pas de même dans d'autres sociétés et l'on connait les soubresauts provoqués partout dans le monde actuel par les conflits religieux. Là surtout où musées et bibliothèques ont un caractère mono-thématique.

Mais ce ne sont pas les seuls risques encourus dans les pays spoliés, que ce soit l'Irak,

on se souvent du pillage du musée de Bagdad provoqué par l'arrivée des troupes américaines en 2003,


Mushim Hasan, Directeur du musée de Bagdad après le pillage, photo Mario Tama  et tête de Sargon

On le sait, hormis ce qui a été détruit sur place, tout n'a pas été retrouvé et restitué.

De même le musée du Caire pillé en 2011, et depuis, les dégradations subies par le patrimoine culturel, notamment sous les coups de l'Etat Islamique (Palmyre, Mari, Nimrud, et tant d'autres ) Wikipedia en fait la liste


Or donc, si les trésors des musées européens ou nord-américains étaient restitués, ils ne seraient pas à l'abri et pourraient être perdus ? Notons que ces musées eux-mêmes ne sont pas à l'abri de catastrophes (incendie du musée des monuments français au Palais de Chaillot en juillet 2013 par exemple). On peut comprendre le silence gêné des grands musées. Se défaire de collections n'est pas aisé, outre la question de la remise en question de leur essence même, il s'agit de désaffecter et déclasser des biens inventoriés. 


Signée en 1970 sous l'égide de l'Unesco, une convention internationale rend en principe impossibles les recours pour les œuvres acquises avant cette date, comme les exemples célèbres cités en début d'article. Avec des exceptions, comme le pillage des biens juifs par le nazis.  Les mentalités évoluent, la juridiction aussi et c'est certain, des restitutions se feront encore. Encore faudrait-il que les pillages cessent ! 

Le plus grave serait sans doute de voir disparaître la notion même de musée pluridisciplinaire et d'intérêt international et que chacun ne s'intéresse plus qu'à sa propre chapelle.

« Le Conseil international des musées (ICOM) a élaboré une définition plus précise qui fait référence dans la communauté internationale : « Un musée est une institution permanente sans but lucratif au service de la société et de son développement ouverte au public, qui acquiert, conserve, étudie, expose et transmet le patrimoine matériel et immatériel de l’humanité et de son environnement à des fins d'études, d'éducation et de délectation. » — Statuts de l'ICOM art.2 §.11


Le patrimoine intemporel et immatériel de l'humanité, c'est bien de cela dont il est question.


 

(*) Les liens d'origines n'étant plus actifs, je les ai supprimés.


Posts récents

Voir tout

Comentários


bottom of page