A l'occasion des Journées Nationales de l'Archéologie 2018, le Service Patrimoine de Valence (1) en partenariat avec le Musée (2), avaient organisé une visite à la découverte du « groupe cathédral ».
On entend par ce terme un ensemble architectural, d'envergure, qui comprend plusieurs bâtiments, la cathédrale, d'autres lieux de culte, et comme ici, des bains rituels, un baptistère, la demeure de l'évêque, celles des chanoines de son entourage. De l'important ensemble du haut Moyen-Age il ne reste plus que la cathédrale et l'ancien palais épiscopal, qui accueille le musée depuis 1911.
Les fouilles entreprises lors des travaux de rénovation de la place des Ormeaux, 2003-2004 ; puis lors de la réfection du Musée, 2009-2010 ; ont permis de localiser les ensembles rituels qui reliaient le palais à la cathédrale, et de retrouver des vestiges du palais épiscopal du Moyen-Age,
Les premières fouilles ont eu lieu au XIXe siècle lors des travaux du clocher, qui ont été, aussi, l'occasion de détruire l'église Saint Etienne, construite sur le baptistère lorsque les baptêmes par immersion ont été abandonnés. L'emplacement du baptistère est aujourd’hui matérialisé par un tracé en calade devant la cathédrale.
Depuis la cathédrale avec le musée en fond.
André Blanc, lors de fouilles en 1950-1960 a aussi mis à jour des restes romains dans les fondations de la cathédrale. (3)
« La présence d'un évêque à Valence, Emilien (Aemilianus ) est attestée dès 374 dans les actes d'un concile qui s'est tenu dans la ville qui devait donc déjà posséder un groupe épiscopal permettant d'accueillir une telle réunion dans une région en cours de christianisation. » (4).
Le groupe cathédral s'est installé à l'époque paléochrétienne à l'emplacement d'un quartier d'habitations gallo-romain, du 1er siècle. Les fouilles de 2003 (5) ont mis au jour des espaces résidentiels du Ve siècle, dont un grand bâtiment relié à la cour par un passage couvert. La découverte de deux espaces thermaux indépendants, par la rareté de telles installations de cette époque, apporte un élément de réponse sur les usages balnéaires. L'un des bains, proche du baptistère pouvait servir à des rites pré-baptismaux, l'autre, plus grand, pouvait servir à l'évêque et à ses proches. Cela reste hypothétique.
Plusieurs chapelles, le baptistère du VIe siècle, en croix grecque avec un bassin en son centre, opérationnel jusqu'au VIIIe-IXe siècle, complètent cet ensemble épiscopal.
Lorsqu'on abandonne les baptêmes par immersion, avec la généralisation des baptêmes d'enfants, le baptistère est agrandi et devient l'église Saint Etienne, tout en restant présent en dessous. Il est possible que l'église ait servi de cathédrale avant la construction de Saint-Apollinaire au XIe siècle.
« Les vestiges les plus récents sont datés des XIIIe-XIVe siècle et consistent en une quinzaine de tombes en coffres faits de mollasse, derniers témoins du cimetière paroissial très largement détruit au XIXe siècle. » (5)
Les travaux de réhabilitation du musée ont permis de retrouver les traces du palais épiscopal, construit sur plusieurs époques à partir de la tour du XI-XIIe.
Maquette du musée - de la tour initiale au palais du XXe siècle
La rénovation a non seulement mis à jour ces vestiges de la tour initiale, mais elle a laissé apparaître la cage de l'escalier à vis, visible sur plusieurs étages, et matérialisée au sol,
Plusieurs salles du musée ont conservé les plafonds à la « française » de la tour, avec leurs peintures.
Palais, ensemble épiscopal, cathédrale, tout atteste la grandeur des évêques de Valence qui étaient aussi, tout au long du Moyen-Âge, des seigneurs de premier plan dans l'une des provinces d'Empire, tout en exerçant leur pouvoir religieux de chaque côté du Rhône.
S'il faut aujourd’hui beaucoup d'imagination pour tenter de se représenter cet ensemble architectural d'une rare importance, témoin d'une grandeur passée, il faut accepter que le passage des siècles et leurs ravages aient permis en fait l'existence d'un ensemble toujours exceptionnel entre cathédrale et musée, dominant le Rhône et sa vallée depuis la première terrasse de la ville.
J'ai tenté ici une synthèse des informations qui nous ont été données lors de la visite du 17 06 2018, ainsi que celles présentes à l'intérieur du musée lui-même qui retrace à la fois l'histoire du lieu, mais celles des fouilles et de leurs trouvailles exposées dans les salles d'archéologie. Et bien entendu les publications de l'INRAP sur les fouilles récentes m'ont été aussi bien utiles :
http://www.valenceromansagglo.fr/fr/index.html – Pays d'Art et d'Histoire
L'existence d'une importante ville romaine n'est attestée que par des sondages et des fouilles comme celles de 2010 qui ont permis la découverte d'un odéon à l'extrémité de la ville, pratiquement à l'opposé du théâtre.
Informations extraites des panneaux explicatifs des salles archéologiques du musée de Valence.
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