2 décembre 1851 : le coup d’État de Louis Napoléon Bonaparte déclenche un sursaut républicain. Des personnages emblématiques (Victor Hugo – Victor Schœlcher – le père Lacordaire...) symbolisent cette opposition.
Symbole de l'opposition à Louis Napoléon : Victor Hugo en exil à Guernesay
A Paris, l'insurrection est vite réprimée, le 4 décembre la résistance parisienne est écrasée, Wikipedia,
Alphonse Baudin (1811-1851) sur la barricade du faubourg Saint-Antoine, le 3 décembre 1851. Toile d'Ernest Pichio, Paris, musée Carnavalet.
Dans l’Ardèche et la Drôme, de véritables armées populaires vont se lever, à Die, Dieulefit, Bourdeaux, Privas, Montélimar et ailleurs, au nom des libertés bafouées, d’une révolte contre la misère et d’une exigence de dignité. »
Le contexte
La France connaît toujours une grande crise économique. La République issue de la Révolution de février 1848 voit ses espoirs déçus et en décembre 1848 Louis-Napoléon Bonaparte est élu « démocratiquement » chef de l’État pour 4 ans.
« L'espoir fait vite place à la réaction, l'ancien avocat Ferlay, adversaire de la République, est nommé préfet. Les républicains s'organisent autour du député Mathieu de la Drôme. » L'insurrection de Lyon de 1849 sert de prétexte à la mise en état de siège de la Drôme. La clandestinité s'organise et l'opposition se manifeste à travers réunions clandestines, fêtes traditionnelles, carnavals ( à Ancône, Saint Gervais sur Roubion, ...) etc.
En 1850 l'état de siège est renforcé.
Dans la nuit du 2 décembre 1851, Louis Napoléon viole la légitimité constitutionnelle à travers « six décrets proclamant la dissolution de l’Assemblée nationale, le rétablissement du suffrage universel masculin, la convocation du peuple français à des élections et la préparation d’une nouvelle constitution pour succéder à celle de la Deuxième République » ; et par une série d'arrestations. Il souhaite notamment prolonger ses pouvoirs à 10 ans.
Dès le lendemain, la nouvelle circule et des attroupements se forment dans la Drôme.
Entre le 6 et le 8 décembre des insurgés approchent de Crest, d'autres se concentrent vers Loriol et Montélimar, et Dieulefit. De là part une importante colonne qui conflue sur Crest.
Principalement ruraux, ces bataillons sont inorganisés, mal commandés, car les principaux dirigeants ont été arrêtés. « Le soulèvement drômois se soldait partout par un échec. Sur ces hommes déjà douloureusement accablés et cruellement déçus allait s'abattre une terrible répression minutieusement organisée par le préfet Ferlay. » (*)
La répression
la tour de Crest
Deux régiments ratissent le département, brutalités, dénonciations, aboutissent à des arrestations massives. Suite à la répression, les prisons du département sont vite remplies, et la tour de Crest, dès le 30 décembre, fait quasiment le plein de ses capacités en accueillant 205 prisonniers. Pourtant il seront 457 le 23 janvier au soir, dans des conditions maximum d'insalubrité et d'inconfort. Le préfet Ferley répond avec un règlement draconien. Après plusieurs mois de détention, certains prisonniers sont envoyés au bagne – Toulon, Guyane, ou dans des camps en Algérie, en prison à Belle Ile en mer, Riom. En avril 1852, la tour de Crest se vide des derniers insurgés.
Les derniers insoumis, eux, seront libérés en 1859.
Illustration d'Ernest Yan' Dargent pour Histoire d'un crime de Victor Hugo.
Encensé par le clergé, la magistrature et l'armée, Louis-Napoléon Bonaparte célèbre sa « victoire » en se hissant jusqu'au trône impérial juché sur une pile de cadavres, victimes du coup d'État.
« La révolte drômoise de 1851 n'a pas été qu'un feu de paille. Tout au long du Second Empire, instauré un an après, et malgré un régime policier insoutenable, leur résistance a continué de s'affirmer en de multiples occasions. » (*)
En 1910, la municipalité de Crest érige le monument "L’insurgé" : jeune paysan, son fusil à la main. Symbole républicain, la statue est déboulonnée en 1942 sous prétexte de la récupération des métaux non ferreux. Une nouvelle statue est mise en place en 1991, grâce à l'action d'un comité local.
la statue en bronze et la statue en pierre - Association 1851
la statue originelle a été victime des "vendanges de Bronze " voir article ICI
Pour plus de détails,
sur le coup d'état de Louis Napoléon : Wikipedia
(*) sur l'insurrection dans la Drôme : sur le site de l'association 1851
La Tour de Crest – forteresse et prison – Claude Hot et Robert Serre
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