Alliés dans la haine avec Alois Brunner

De gauche à droite:

Hafez el-Assad Alois Brunner et Bachar al-Assad. image: montage watson

L'actualité nous bouscule et les horreurs qui ont été pratiquées en Syrie nous sautent aux yeux, réveillent notre mémoire. Certes, nous savions, mais pas tout. L'histoire s'écrit toujours dans le sang et dans la haine, mais là, cela dépasse notre entendement.

Cette histoire là, c'est celle d'un ancien tortionnaire nazi, Alois Brunner, qui a pu fuir l'Allemagne à la fin de la guerre, pour se réfugier en Égypte, puis en Syrie.

Il rejoint très tôt le parti nazi et " Il devient par ses fonctions l'un des rouages importants de la Solution finale aux côtés d'Adolf Eichmann. Il est notamment l'instigateur des faits suivants :

• déportation vers les camps d'extermination de 47 000 Juifs autrichiens ;

• déportation vers les camps d'extermination de 43 000 Juifs grecs (voir : « Histoire des Juifs à Salonique ») ;

• chef du camp de Drancy, en France, il fait déporter 25 000 Juifs français ou résidant en France au départ de la gare de Bobigny vers Auschwitz principalement ;

• il est également impliqué dans les rafles de Berlin et dans la déportation des enfants d'Izieu." Wikipedia

En 1943, l'officier SS Alois Brunner prend la direction du camp de Drancy (Seine-Saint-Denis), ultime étape des déportés juifs en France avant leur départ vers les camps d'extermination. Son but, remplir toujours plus de convois, quel qu'en soit le prix. Ilest l'un des principaux acteurs de la solution finale. Responsable de la mort de 130 000 juifs, il est l'un des criminels de guerre les plus recherchés mais il décède en Syrie, impuni, presque 60 ans après les faits.

Alois Brunner, c'est l'antisémitisme à son paroxysme, un "regard fixe" et "une voix monocorde" dont certaines victimes se souviennent encore aujourd'hui. Il envoie à lui seul des dizaines de milliers de personnes à la mort et pourtant, à la fin de la guerre, il réussit à s'enfuir. france3-regions.francetvinfo.fr

Dans une interview accordée au Chicago Sun-Times, Brunner déclare en 1987 à propos des Juifs exterminés : « Tous méritaient de mourir parce que c'étaient les envoyés du diable et des ordures humaines. Je n'ai aucun regret et je le referais ». En août 1987, Interpol lance contre lui un mandat d'arrêt international. Wikipedia

Cette haine, il va la mettre au service du régime de Hafez el-Assad et apporter son savoir en matière de torture. Mis à l'écart peu à peu par Bachar al-Assad, il finira reclus, et la date de son décès reste incertaine.

Le renversement du régime de Bachar al-Assad en ce mois de décembre 2024 a permis la libération de nombreux prisonniers, que l'on ne peut même pas qualifier de politiques, tant les raisons d'incarcération, de tortures et de massacres, étaient souvent horriblement dérisoires (comme une chanson dans une playlist) . Et en parallèle, je voudrais parler de la mort de l'opposant Mazen al-Hamada, dont le corps a été retrouvé dans une morgue le lundi 9 décembre,

ses funérailles par l'artiste Marc Nelson, qui met son art au service des droits de l'homme. https://marcnelsonart.com/

Et là aussi, l'histoire s'écrit encore et toujours par la douleur des femmes,

Une femme tente de retrouver le corps de son troisième enfant détenu en 2012, à l'extérieur de la morgue de l'hôpital de Damas, le 12 décembre 2024. © Sameer Al-Doumy, AFP France 24

Nous ne savons pas ce que l'avenir réserve à ce pays martyr, il ne nous reste qu'un faible espoir, celui des réfugiés, qui espèrent pouvoir revenir, mais qui hésitent.

Et si je prends ici partie, ce n'est que pour les droits de l'homme, car l'humanisme n'est pas une opinion, contrairement à ce que certains voudraient faire croire, c'est un espoir, une manière de concevoir la vie, ensemble.