Quand l’Espagne et le Portugal se sont partagé le monde & la traite trans-atlantique
- fardoise07
- 24 nov.
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Lorsque le 7 juin 1494 les royaumes d'Espagne et du Portugal se sont partagé le monde à Tordesilas, sous l'égide du pape Alexandre VI, pour assurer et développer leurs empires coloniaux, s'ouvrait l'ère du colonialisme à l'échelle de la terre, et de l'exploitation des peuples autochtones.

"Il s'agit d'organiser l'exploration et l'exploitation de ces territoires, considérés comme terra nullius, entre les deux pays qui, à cette date, sont les seules puissances coloniales en Europe." Wikipedia
"La signature du traité de Tordesillas, le 7 juin 1494, se résume à une simple procédure administrative. Ce qui paraît difficile à croire compte tenu de sa portée. Car par cet acte, les Espagnols et les Portugais se sont partagé le monde – aussi bien le monde connu que celui qui restait à découvrir." Courrier International
En 1492, Christophe Colomb écrit au sujet des indigènes d'Hispaniola :
« Ils nous apportèrent des ballots de coton, des javelots et bien d'autres choses, qu'ils échangèrent contre des perles de verre et des grelots. Ils échangèrent de bon cœur tout ce qu'ils possédaient. Ils étaient bien bâtis, avec des corps harmonieux et des visages gracieux […] Ils ne portent pas d'armes — et ne les connaissent d'ailleurs pas, car lorsque je leur ai montré une épée, ils la prirent par la lame et se coupèrent, par ignorance. Ils ne connaissent pas le fer. Leurs javelots sont faits de roseaux. Ils feraient de bons serviteurs. Avec cinquante hommes, on pourrait les asservir tous et leur faire faire tout ce que l'on veut. » Wikipedia
Si les souverains espagnols se manifestent clairement contre l'esclavage des autochtones de l'Amérique, les conquistadors et les colons ne suivront pas leurs
directives et vont, les années suivant le traité, exploiter les amérindiens dans leurs concessions. "Les encomenderos, peuvent percevoir un tribut en métaux précieux, en nature ou en corvées. En principe, ils doivent protéger et évangéliser les indigènes de leur encomienda, et les faire travailler sans les maltraiter et moyennant un salaire (cédule royale de 1503). Mais les encomenderos ne respectent pas les lois." Wikipedia

Le 15 août 1550 s'ouvre dans la somptueuse chapelle du collège Saint-Grégoire de Valladolid, au nord-ouest de l'Espagne, une controverse appelée à faire date. Elle a été voulue par l'empereur Charles Quint, également roi d'Espagne. "Contrairement à une légende tenace, il ne s'agit en aucune façon de décider si les Indiens (ou Amérindiens) ont une âme. La question a été tranchée par l'affirmative dès les premiers voyages de Christophe Colomb, la reine Isabelle de Castille elle-même en ayant jugé ainsi et réclamé que les Indiens soient traités en hommes libres". La "controverse de Valladolid" porte sur la légitimité des "indiens" à occuper leur territoire, sont-ils ou non des esclaves "naturels" ?
Au terme de cette controverse, une suggestion malheureuse de Las Casas va bouleverser l'équilibre mondial. "Celui-ci, du temps où il était planteur aux Amériques, considérant que les Indiens des plateaux n'étaient pas aptes au travail dans les plantations, avait proposé de bonne foi de recourir à des travailleurs africains. Il eut plus tard le loisir de regretter cette malheureuse suggestion ! " Hérodote
La traite transatlantique
Les Amérindiens ne pouvaient pas répondre aux exigences des colons Espagnols et Portugais, trop fragiles pour travailler dans les mines de Potosi ou dans les plantations. La conséquence de la controverse de Valladolid fut donc l'intensification de la traite des populations africaines.
Portugais et Espagnols n'ont pas inventé l'esclavage, mais ils ont organisé les grands déplacements de populations vers d'autres continents. L'empire colonial portugais se développe tôt, "avec l'établissement au 15e siècle de comptoirs portugais sur la côte atlantique de l'Afrique : île d'Arguin (ill. 3), Cap Vert, fort Saint-George-de-la-Mine (situé aujourd'hui à Elmina au Ghana), São Tomé-et-Principe. En ce qui concerne la côte sud de l'Afrique, le Portugal établit, après 1513, une factorerie royale de traite à Mpinda, dans le royaume Kongo. Depuis ces comptoirs, le Portugal domine les débuts du commerce transatlantique, pratiquant le commerce d'esclaves dans les royaumes du Sénégal, de la Gambie et du Rio Grande, dans le delta du Niger, au Bénin et au Kongo, entre autres. Bien que certaines communautés résistent à la traite, la participation des élites africaines à la fourniture de captifs aux Portugais est courante".
"Au début du 16e siècle, les initiatives visant à établir des colonies espagnoles et portugaises permanentes dans les Amériques accroissent la demande d'esclaves dans le Nouveau Monde. Dans les Amériques espagnoles, la population amérindienne décline après l'arrivée des conquérants à la fin du 15e siècle, rendant très difficile leur exploitation dans les plantations esclavagistes. Au Brésil, les esclaves africains commencent à être importés après 1530. Les voyages systématiques de traite prennent de l'ampleur à partir de 1560 pour répondre à la forte demande de main-d'œuvre sur le territoire." Ehne.fr
"Du fait de son expansion dans les pays d’outre-mer, le Portugal joue un rôle de premier plan dans le développement de la traite esclavagiste transatlantique. Les navires portugais transportent des captifs africains à travers l’Atlantique vers l’Europe et les Amériques. Cette activité devient l’une des activités coloniales les plus lucratives. Entre 1501 et 1875, la traite portugaise a touché près de 6 millions d’Africaines et Africains." Projectmanifest
A la traite "en droiture" va succéder le commerce triangulaire qui atteindra son apogée au XVIIIe siècle. Au XVIIe siècle, la République néerlandaise se libère du joug espagnol et se lance à son tour dans le commerce mondial et cherche, tout comme le Royaume Uni et la France à se constituer un empire colonial. Les Provinces Unies vont devenir la première puissance commerciale en Europe. "Avec plus de 550 000 captifs africains embarqués entre 1596 et 1829, la traite néerlandaise représente 5% de l’ensemble de la traite transatlantique", mais a joué un rôle important dans la mise en place de la traite à des moments clés, en dominant le commerce pendant de courtes périodes au 17e siècle,

Le commerce triangulaire désigne le commerce maritime reliant l'Europe, l'Afrique et l'Amérique, avec comme objectif la déportation d'esclaves noirs pour approvisionner les colonies en main-d'œuvre servile. Depuis l'Europe, des navires chargés de pacotille (étoffes, armes) se rendaient sur les côtes africaines acquérir des captifs. Ceux-ci étaient ensuite transportés dans les colonies d'Amérique, où ils étaient échangés contre les matières premières produites dans les plantations esclavagistes (sucre, café, cacao, coton, tabac). Enfin, ces denrées coloniales étaient à leur tour revendues dans les ports européens.


Ces plans de navires négriers laissent imaginer les conditions de vie à bord des Africains ainsi déportés vers les Amériques. Restent à imaginer les sévices ajoutés.
La traite transatlantique "est responsable de la déportation massive de plus de quinze millions d'hommes, femmes et enfants sur quatre siècles. Elle chute au début du XIXe siècle, avec le développement du mouvement abolitionniste en Europe et l'interdiction de la traite (mais pas encore de l'esclavage)." Wikipedia

Comme Bordeaux, d'autres ports français ont participé à la traite et des familles se sont enrichies grâce à ce trafic, à l’instar des Mosneron Dupin à Nantes.
"Croissance et étapes du commerce colonial des ports français et de la traite atlantique au XVIIIe siècle" ehne.fr



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