Toujours grâce à mes pérégrinations sur le Net à mon intérêt pour ce qui nous habille, nous relie à nos identités... et le tricot, j'ai découvert l'existence de ces fabuleux châles arachnéens, et grâce à une tricoteuse qui sait nous faire partager sa passion,
Les châles d’alliance sur facebook
photo sur le site des châles d'Orenbourg
je n'entretiens pas le mystère en ayant choisi cette photo. en effet, elle montre l'origine de leur surnom : ils sont si fins que l'on dit qu'ils peuvent passer à travers une alliance.
J'ai donc découvert à la fois l'existence de ces chefs d’œuvre, et leur histoire, Ils viennent d'une région de la Russie profonde, dans le sud de l'Oural, au climat rude.
"Avec son climat continental, le sud de l’Oural est une région rude, avec des températures hivernales pouvant chuter à 40 degrés en dessous de zéro, tandis qu’en été le mercure peut atteindre 40 degrés. En hiver, il y a souvent des vents violents et des tempêtes de neige, tandis qu’en été, la sécheresse est fréquente." Russia Beyond
Une race de chèvres, croisée au XXe siècle avec des chèvres du Cachemire, s'est adaptée à ce climat et a développé un duvet très fin, le plus fin existant, et très chaud.
Elles sont totalement en symbiose avec leur région, et les essais d'introduction dans d'autres pays se sont conclus pas des échecs. il n'y a que dans le sud de l'Oural qu'elles se couvrent de ce fin duvet, le plus fin au monde : 16 microns.
La vie des hommes y est rude elle aussi, et les premiers châles ont été portés par les cavaliers Kirghiz-Kazakh.(*) A partir du XVIIIe siècle, les femmes cosaques de l'Oural, habiles au tricot et à la dentelle, pour meubler la solitude les longs hivers, ont créé ces motifs "toile d'araignée", de plus en plus fins et savants. Lorsque les hommes revenaient, les châles achevés ornaient les jeunes mariées.
La tradition des châles d'Orenbourg était née.
Leur renommée sera faite par les dames de la haute société, la fille de Pierre Le Grand et les aristocrates russes, puis ceux de l'Europe,
"La « première mondiale » du châle d’angora eut lieu à Paris au ХIХe siècle. Puis, à l’Exposition universelle de 1862 à Londres, la Cosaque d’Orenbourg Maria Ouskova reçut une médaille d’or pour son châle en poil de chèvre."
L'élevage des chèvres et la création des châles a connu des vicissitudes au gré de l'évolution du pays, S'il sont parvenus à se maintenir sous le régime soviétique, les aléas politiques et économiques de la Russie actuelle ont bien failli les compromettre. Une production "industrielle" de ces châles, aussi, et il faut être prudent si l'on veut rapporter un souvenir de voyage.
Les châles fait mains sont plus chers (de 50 à plus de 1000€) et n'existent que dans des couleurs naturelles.
On peut s'en procurer sur place, dans certains marchés, ou encore sur le Net,
ou d'autres,
Ils restent des œuvres d'art uniques.
Il existe différents types de châles d’Orenbourg, mais les deux plus célèbres sont :
Le châle duveteux, plus épais et chaud, adapté à un usage quotidien
La toile d’araignée ajourée, qui est le modèle le plus célèbre et le plus luxueux, se distingue par sa légèreté et sa finesse. La toile d’araignée ajourée est une véritable démonstration du talent et du savoir-faire de ses créateurs. Alexandre de Russie
Ils sont bien sûr chauds, mais aussi très solides.
Et pour terminer sur une note poétique, une vidéo en lien :
Des chants traditionnels repris à la télévision russe avec une célèbre chanteuse, Ludmila Zykina
(*) L'origine ancienne de cette tradition et de l'élevage de ces chèvres est plus complexe à trouver au terme de recherches rapides sur le Net. En effet, les influences se sont croisées entre des populations aux origines diverses. J'aimerais croire que l'osmose a pu se faire en douceur, mais je sais bien que ce n'est pas souvent le cas, et que l'histoire que l'on retient est celle racontée par les vainqueurs,
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