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fardoise07

Le Salon de musique de Satyajit Ray


Le salon de musique de 1958 était le premier des films de Satyajit Ray à ressortir dans une version restaurée en 2014, elle a été projetée à Utopia Avignon dans le cadre du ciné-club, présenté par Frédérique Hammerli, professeur de cinéma lors d'une rencontre très fructueuse et dont il est ressorti que ce film est un réel chef-d’œuvre à plus d'un titre. Il nous propose un état des lieux de L'Inde, à une période charnière de son évolution sociale, celle où l'industrialisation et une vision occidentale de la modernité viennent bousculer les archétypes.



Chhabi Biswas dans Le Salon de musique - 1958


L'histoire, nous la connaissions, certains, comme moi avaient pu déjà voir ce film, notamment à la télévision (*) . Rappel, en France il n'est sorti qu'en 1981, serions nous frileux face à ce film atypique. Le sujet déjà qui tourne autour de la musique indienne et de la passion que lui voue un aristocrate, ruiné, mais qui jette ses dernières ressources dans ces concerts qu'il affectionne tout particulièrement. La musique indienne n'avait pas encore été mise à la mode par la les hippies et Ravi Shankar encore inconnu du grand public français. La musique qui nous est donnée à entendre pourtant nous prend et nous emporte dans un crescendo pour terminer dans l'apothéose du tout dernier concert avec cette danseuse sublime d'expressivité. La bande originale est de Vilayat Khan et plusieurs musiciens interviennent tout au long du film, tous aussi extraordinaires.

La grande particularité de ce film, et cela a été bien développé lors des débats, c'est son rapport au temps. Le temps ici est multiple, cyclique et donc sans début ni fin pour Biswanbhar Roy qui n'accepte pas la fin de son monde. mais le temps est linéaire pour son rival et voisin Biswanbhar Roy, parvenu, qui est lui engagé dans la voie du progrès technique.

La très grande esthétique du film avec un noir et blanc d'une grande intensité, commence en plan fixe sur le portrait de Roy, comme en photographie, alors que le temps s'est arrêté pour lui, jusqu'à ce que, réveillé une dernière fois par son rival, il accepte sa fin, mais ne veux pas, ne peux pas, déroger à sa superbe et jette ses dernières ressources et ses derniers feux dans son ultime concert.


La caméra est sans cesse suggestive, caressant les personnes, les visages, les objets qui viennent en contrepoint en autant de symboles. Le terrain qui se ravine devant la fontaine, les marques de désuétude de ce curieux palais aux allures néo-grecques, l'insecte qui se noie, le miroir qui renvoie des images fantomatiques, et bien entendu le grand lustre qui ouvre et termine le film. Un état des lieux d'une Inde qui disparaît,


Quelles qu'aient pu être les critiques soulevées par le cinéma de Satyajit Ray - lenteur, description d'un monde archaïque, éloge de la pauvreté, etc. ; il reste une icône culturelle en Inde et dans les communautés bengalies du monde entier ; ses films, des classiques, et son cinéma célébré par les plus grands réalisateurs et artistes du monde entier. Wikipedia


(*) "Inspiré du roman éponyme de Tarasankar Bandyopadhyay , le film est une étude détaillée et dramatique des derniers jours de Biswambhar Roy, de la caste des zamindar, noble propriétaire terrien et mécène du Bengale sur le déclin : sacrifiant sa fortune et sa famille à sa passion pour les arts en donnant de splendides réceptions de musique et de danse dans son salon de musique, Biswambhar Roy n'a que mépris pour Mahim Ganguli, un voisin parvenu aux attitudes grossières, usurier dont la richesse s'affirme aux fil des ans à ses dépens."

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