En juillet 1908 l'arrestation de Liottard et Berruyer, met fin à la sanglante épopée de ceux que l'on a appelés les chauffeurs de la Drôme, une bande qui écuma la campagne drômoise entre Livron et Romans de 1906 à 1908.
article très documenté sur https://www.lempreinte.valenceromansagglo.fr (1)
Tout comme le "Baron des Adrets", ils ont marqué les mémoires et j'ai souvent entendu parler d'eux dans mon enfance. Plus encore que la quantité de méfaits commis, on ne saura jamais exactement combien, c'est la violence de leurs méthodes qui a choqué, pour longtemps. Des hommes prêts à tout au nom de l’appât du gain, quelquefois pour des sommes modestes, ils torturent leurs victimes, en les brûlant dans la cheminée, et vont jusqu'à tuer. Leur manque d'empathie les conduit à casser la croûte à côté de leurs victimes agonisantes.
Pourtant on connait ces bandes de chauffeurs depuis la Révolution, ils ont sévi surtout dans le nord de la France.
"Les « chauffeurs de pâturons » (en argot, « brûleurs de pieds ») ou simplement « chauffeurs » est un terme populaire utilisé pour désigner les bandes de criminels qui s’introduisaient la nuit chez les gens et leur brûlaient les pieds sur les braises de la cheminée pour leur faire avouer où ils cachaient leurs économies." Les chauffeurs, Wikipedia
Au XXe siècle d'autres bandes vont sévir, jusque dans l'après seconde guerre mondiale. Mais tous leurs chefs seront arrêtés et exécutés, tout comme les chauffeurs de la Drôme.
Dans la Drôme ils étaient quatre, Urbain Célestin Liottard, Octave Louis David surnommé "Le parisien", Pierre Augustin Louis Berruyer, et Jean Lamarque. Et ils avaient des complices, Auguste Finet dit "Romarin", Noémie Nirette dite "La Poule noire", Hippolyte Caleu dit « Bel Oeil » et Louis-Lucien Brenier.
Originaires de la région ou d'autres lieux en France, ils sont réunis par David, le chef de la bande, qui rencontre Lamarque en prison. Le premier méfait qui leur est attribué est le meurtre par Liottard. du père Vaneille, 80 ans, qu'il assassine pour le maigre butin de 7,5 francs. Le corps sera découvert le lendemain, la tête à moitié brulée dans la cheminée.
« C’est en septembre 1906 que la bande se réunit une première fois, sans lui, dans la maison de Berruyer, rue Pêcherie à Romans. Cette maison qui a deux sorties, restera le QG des criminels, qui utiliseront des complices pour faire le guet lors de leurs rencontres. » (1)
Cette maison existe toujours, elle est visible ICI : https://www.romanshistorique.fr/
Liottard rejoint le groupe après un nouveau meurtre. En 1907 et 1908 ils torturent, volent, tuent, y compris leur complice dit "Romarin" qu'il assomment puis jettent dans un puits avant de lui lancer des pierres.
C'est grâce à la création des Brigades mobiles, par Clémenceau, qu'ils seront arrêtés par celle de Lyon. Liottard et Berruyer vont dénoncer David. Lamarque, lui, est en fuite vers Bordeaux. Faute de pouvoir recenser tous leurs forfaits ils seront jugés pour leurs vols, qu'ils reconnaîtront, mais pour seulement 10 meurtres, sur les 18 qui leur sont attribués.
le procès - le Dauphiné Libéré
David, Liottard et Berruyer sont condamnés à la peine de mort, Lamarque l'est par contumace. Il sera arrêté en 1910 à Nîmes, et sera le seul à échapper à l'exécution, sa peine commuée par le Président Fallières en détention à perpétuité.
Leur exécution sur le parvis de la prison de Valence attirera la foule. Aucun ne manifestera de remords jusqu'au bout.
arrivée du premier condamné : Auguste-Louis Berruyer.
De leur histoire, à peine évoquée ici, il faut retenir que ces hommes, issus de milieux différents, mais sans aucune empathie pour leurs victimes, se sont retrouvés autour de l'appât du gain, sans vraie nécessité de survie. Ils commettaient leurs forfaits le plus souvent la nuit, continuant leurs activités professionnelles le jour, pour éviter d'être repérés. D'autres bandes de "chauffeurs" séviront encore après la seconde guerre mondiale, leurs chefs seront eux-aussi exécutés, en 1952.
Dans la mémoire collective, tout comme le souvenir du terrible Baron des Adrets, celui des Chauffeurs de la Drôme évoquait l'horreur absolue.
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NB : LE DÉPARTEMENT DE LA DRÔME DE 1800 A 1802 - Patrimoine Aoustois
"Nommé préfet de la Drôme par arrêté du i ventôse an VIII (2 mars 1800), J.-B. Collin prêta serment de fidélité à la Constitution le 24, quitta Paris le 26, et arriva à Valence le 2 germinal (23 mars). Il prit aussitôt possession de ses fonctions et adressa une proclamation aux habitants du département.
Je suis informé qu’il se commet dans votre département des vols et brigandages considérables; il résulte des rapports qui me sont faits que des hommes armés se transportent dans les maisons de campagne, qu’ils saisissent les personnes qu’ils y trouvent, leur lient les mains et les exposent a un grand feu, en les menaçant de les brûler, s’ils ne leur donnent leur argent que les routes sont pleines de voleurs qui pillent et volent les voyageurs, au point que ces derniers sont obligés de se réunir pour faire leur route."
Le brigandage était déjà un fléau dans la Drôme.
Pour en savoir plus, même si les articles cités se contredisent parfois,
Les Chauffeurs de la Drôme sur
Wikipedia et les chauffeurs en France
l'exécution en 1909 sur https://abolition.hypotheses.org/796
leur repère à Romans : https://www.romanshistorique.fr/romans-sur-isere-la-maison-des-chauffeurs-de-la-drome-rue-pecherie
Témoignage reçu sur mon blog n°1 :
"Coucou Fardoise, les chauffeurs de la Drôme sont passés chez mon arrière grand-mère à la montée du Haut Livron. Elle était jeune femme à l'époque, seule à la maison. Les ayant vu arriver de l'étage et ne connaissant pas, elle s'est tenue coite dans la pénombre de la pièce. Bien lui en a pris. La porte n'a pas cédé sous l'assaut des 2 hommes. Ils n'ont pu rentrer... et sont allés mal faire ailleurs. La trouille, quand mon aïeule me racontait ses souvenirs.... " Dromantique sur Eklablog
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