Fondée au XIe siècle à Avignon, le long de la voie Agrippa, l'abbaye de Saint Ruf n'est plus qu'une ruine, témoin de l'art roman, à l'extérieur de la ville :
La tradition fait de Saint Ruf, premier évêque d'Avignon, le fils de Simon de Cyrène et un disciple de Saint Paul. Mais il semble qu'il ait vécu bien plus tard.
Il s'agit d'une congrégation de chanoines réguliers au mode de vie proche de la règle bénédictine, mais se référant plutôt à celle de Saint Augustin, au modèle de la vie du Christ et de ses apôtres. Des laïcs, les convers, se consacrent aux activités non liturgiques et à l'accueil des pèlerins.
Fondé en 1039, il semble que l'ordre essaime très tôt, autour de 1080, jusqu'en Alsace, dans l'ouest de la France (Airvault), au Portugal.
Les relations sont très tendues avec l'église d'Avignon et en 1158, l'abbé Raymond fait l'acquisition d'un nouveau site pour y construire une nouvelle abbaye mère : l'Epervière, à à Valence. L'abbaye est transférée sous le pontificat d'Adrien IV, Nicolas Breakspear, ancien abbé de Saint Ruf, et protecteur de l'ordre.
Le Vray portrait de la ville et cité de Valence, de Pierre Prévost, peintre Grenoblois, édité en 1575, montre en bas à gauche les ruines de l'abbaye de Saint Ruf (*)
L'abbaye est détruite lors du sac de Valence en 1567 par les troupes du Baron des Adrets, ainsi que plusieurs établissements religieux de la ville
Les chanoines de Saint Ruf trouvent refuge dans le petit prieuré Saint Jacques (ou Saint James), à l'intérieur des remparts, qui date du XIIe siècle et appartient à l'ordre. Ils procèdent à l'acquisition des maisons voisines pour reconstruire leur abbaye.
Dans les siècles qui suivent, les chanoines se consacrent en priorité aux bâtiments abbatiaux, qui vont occuper tout l'actuel parc qui porte encore le nom de l'ordre. L'église romane est dotée d'une façade classique au XVIIe siècle, et l'intérieur de décors en stucs d'un grand raffinement, au XVIIIe siècle, à l'initiative du dernier abbé, Jacques de Tardivon.
la nef de l'actuel temple de Valence
L'ordre est sécularisé en 1774, et ce n'est qu'après le Concordat, en 1806 qu'elle est affectée au culte protestant, après avoir accueilli le culte de l’Être suprême pendant la Révolution - c'est pour cette raison que le cœur du général Championnet a été placé dans le chœur de l'église dans un monument imposant.
Le palais abbatial accueille la Préfecture de la Drôme jusqu'à la dernière guerre mondiale durant laquelle les bombardements américains de 1944 détruisent la quasi totalité des bâtiments. Il ne reste de l'ancienne abbaye que le portail monumental, l'église et le bâtiment nord.
La bibliothèque très riche de l'abbaye est transférée à l'Université de Valence, jusqu’à sa disparition en 1792, celle de Grenoble en devient propriétaire en 1811.
L'abbaye d'Avignon, si elle n'est plus maison mère, accueille toujours des chanoines jusqu'à la sécularisation de l'ordre. Ses ruines ont été classées par les Monuments Historiques en 1887.
le chœur de l'église d'Avignon, une certaine similitude avec celle de Valence
l'abbaye de Saint Ruf à Avignon : sur mon blog "Avignon états et lieux" ICI
Sur Wikipedia :
(*) Source : Archives départementales de la Drôme - Autres sources de cet article : le service Patrimoine de la Ville de Valence et les panneaux explicatifs présents dans l'église de Valence lors des journées du Patrimoine 2015.
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