Petit bijou de l'art roman, l'abbatiale de Cruas
se situe en contrebas de la D86 qui traverse le village.
Lorsque le groupe de la MJC de Guilherand est venu visiter l'intérieur de l'église, les fouilles, dont je parle plus loin, étaient terminées et le site recouvert. Je voulais parler à présent, et grâce à cette visite, de l'église et de son histoire qui tient du miracle. En effet, sa situation géographique et son histoire chaotique ont fait que l'une des plus anciennes cryptes a pu être conservée dans son état premier.
Une réelle émotion, due à cet effet de franchir les siècles, saisit le visiteur
Le ruisseau de Crûle (en occitan les noms ne prennent pas d'article) voisin traversait le village pour se jeter dans le Rhône, et ses crues ont déversé une grande quantité d'alluvions, jusqu'à combler totalement la crypte, et une partie de l'église. Cela explique que l'église semble comme enterrée par rapport à la route, et que la crypte soit restée intacte.
Plusieurs campagnes de fouilles (dont celles de 1983-1984) ont permis de dégager la crypte mais aussi une partie du porche, et surtout la tribune, l'une des rares encore présentes en France (comme celle de Sarrabone).
en arrière plan, on peut voir les restes du porche, laissés apparents ce qui explique l'entrée peu ordinaire dans l'église.
"Construite sur les ruines d'une villa romaine incendiée, à la fin du Vème siècle, le site fut consacré par la construction du premier édifice paléochrétien. Lui succède une chapelle consacrée en 970 par l'archevêque d'Arles sous l'invocation de Saint-Michel. Fondée en 804 par des moines bénédictins envoyés par l'abbaye de Saint-Benoît d'Aniane, l'abbaye, ruinée une première fois et reconstruite au Xe siècle, prend son essor après une nouvelle reconstruction à la fin du XIe siècle. Elle sera honorée en 1095 par la visite du pape Urbain II qui procédera en grande pompe à sa consécration. Le monastère prend une grande dimension au XIIe siècle et se trouve à la tète d'une quarantaine de prieurés répartis sur quelque huit diocèses." Persée BNF
Les fouilles entreprises en 2020 sur un espace public voisin ont permis de mettre à jour les restes de bâtiments monastiques qui restaient enterrés sous les alluvions.
Ce sont des sondages dans les caves des maisons qui devaient être détruites qui ont révélé des éléments d'architecture de l'époque de l'abbaye, mais aussi d'autres structures sans doute plus anciennes. Les fouilles en cours ont mis à jour notamment une arcature qui pourrait indiquer l'emplacement initial de l'abbaye.
Mon but, ici , n'est pas de retracer l'histoire exacte de ce monastère si particulier, ni de celle du village, et du château lié à celle de l'abbaye, et qui a fait, lui aussi, l'objet de fouilles. Je voulais simplement attirer l'attention sur ce site exceptionnel, et qui a été fort heureusement valorisé par les fouilles débutées au siècle dernier. Ce village, quelque peu malmené alors par les cimenteries (je me souviens d'avoir souvent traversé un village blanchi par la poussière de calcaire) puis par l'installation d'une centrale nucléaire (on ne voit qu'elle lorsqu'on est de l'autre côté du fleuve).
Comment pouvait-on vraiment apprécier l'église, en contrebas de la route ? Fort heureusement, le site a été bien mis en valeur, comme le montre la première photo.
chapiteaux de la crypte
chapiteau au personnage énigmatique de la tribune
Il faut s'adresser à l'office de tourisme (sud-ardeche-tourisme.com) pour visiter l'intérieur, le site reste fragile.
Une visite virtuelle en photos sur le site de Romanes.com
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