Mais pas que...
Devant son objectif les combattants posent sur les barricades.
Barricade de la rue de Castiglione - Wikipedia
Il faut imaginer les conditions de l'époque : un matériel lourd, encombrant, des temps de pose très long, d'où cet effet statique pris par les personnages. Bruno Braquehais (1823-1875) était ce que l'on appelait "un photographe d'art", spécialisé dans les nus plus ou moins érotisés. Sourd et muet de naissance, ses études au sein de l' Institut Royal des Sourds-Muets le mènent à Paris où il s'installe comme lithographe, puis comme photographe.
Lors du premier siège de Paris par les Prussiens, puis lors de l'insurrection de la Commune, il ne fuit pas la ville comme la plupart des photographes connus d'alors. Au contraire, il va sillonner les rues pour photographier les hommes et les femmes, les immortalisant dans l'instant, si l'on peut dire. Il va ainsi devenir le premier photo-reporter de l'histoire de France, et entrer dans la postérité comme LE photographe de la Commune de Paris. Son travail, oublié, a été redécouvert lors de la commémoration du centenaire, en 1971.
Ainsi, il a immortalisé les barricades, mais aussi des événements comme la mise à bas de la colonne Vendôme, symbole de l'Empire,
La colonne et les badauds... francetvinfo.fr - voir notes en fin d'article
Il a photographié aussi les soldats des troupes versaillaises au repos, les ruines après le second siège de Paris, qui s'est achevé par la semaine sanglante, du 21 au 28 mai 1871.
Cette période a vu aussi l'apparition des batailles d'images, ainsi les photos des communards ont été interdites de publication, et Bruno Braquehais a préféré en détruire plutôt que de les voir utilisées pour identifier les combattants. Seules les photographies des ruines, des "exactions" commises par les communards seront autorisées par le gouvernement Thiers. Mieux la période a vu l'apparition de photomontages,
comme ceux de d'Ernest Eugène Appert, pour sa série "Les crimes de la Commune", ou celle des prisonniers, prison des Chantiers de Versailles
Les deux camps se sont emparés du tout nouveau média et inventé la photo de propagande.
Sur les 150 clichés pris par Bruno Braquehais, une centaine nous sont parvenus. Ses photos sont dans tous les livres d'histoire, reconnus comme authentiques. Grâce à lui les protagonistes de cet évènement majeur de notre histoire se rapprochent de nous.
Pour comprendre les conditions de l'époque, et les temps de pose très longs, une photographie de la colonne Vendôme transforme les témoins en fantômes,
"Il a photographié la Commune de Paris : Bruno Braquehais premier photo-reporter de l'Histoire de France" -www.francetvinfo.fr/
Jean-Yves Le Naour : « La Commune a révolutionné la photographie » www.humanite.fr
En exergue, l'une des photographies de la chute de la colonne Vendôme aurait permis d'identifier le peintre Gustave Courbet parmi les participants, lettre C :
qui de témoin de la chute de la colonne Vendôme en a été tenu pour responsable et condamné à la prison et à des dommages et intérêts.
D'autres veulent voir aussi la présence du poète Arthur Rimbaud - lettre R.
il apparaitrait aussi sur ce cliché, dans la même position.
Partout dans le monde on tente de retrouver de nouveaux portraits de lui, un vrai fantasme. Reste aussi à confirmer qu'il soit retourné à Paris durant la Commune. On sait seulement qu'il a écrit à propos de la Commune, et a adressé un poème à Paris d'après la Commune,
"L'Orgie parisienne" ou "Paris se repeuple - Poésies de Rimbaud, Wikisource
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